L’Éthiopie et la Somalie ont convenu de mettre fin à leur différend concernant les ports du Somaliland sous la médiation de la Turquie et s’orientent vers la reprise d’une coopération complète. La semaine dernière, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’est rendu à Mogadiscio et s’est entretenu avec le président somalien Hassan Sheikh Mohamed. Les discussions ont porté sur la situation sécuritaire dans la région de la Corne de l’Afrique et le lancement de négociations techniques sur l’accès aux ports éthiopiens, suite à un accord conclu à Ankara en décembre dernier.
Le ministre somalien des Affaires étrangères, Ali Mohammed Omar, a révélé dans une interview accordée aux médias locaux que les deux parties négociaient un accord commercial mutuellement bénéfique qui garantirait le droit de l’Éthiopie à accéder aux eaux relevant de la souveraineté de la Somalie. Le ministre a déclaré que l’objectif est de parvenir à un accord-cadre d’ici juin qui précisera les types de ports à fournir, les zones spécifiques de l’océan Indien et le coût total.
Ce développement marque une avancée majeure dans la quête de l’Éthiopie pour une solution à long terme à son problème d’accès au port. L’Éthiopie avait auparavant prévu de louer 19 kilomètres de côtes au port de Berbera, dans la région autonome séparatiste du Somaliland, sans l’autorisation du gouvernement somalien, une décision qui a exacerbé les tensions dans la Corne de l’Afrique.
Depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993, l’Éthiopie est devenue un pays enclavé et dépend actuellement principalement des ports de Djibouti, du réseau routier et de la ligne ferroviaire Addis-Abeba-Djibouti de 752 kilomètres pour son commerce extérieur. Cependant, l’Éthiopie, l’une des plus grandes économies d’Afrique subsaharienne, travaille à la construction de son propre port sur l’océan Indien, qui, espère-t-elle, deviendra la base de l’Ethiopian Shipping and Logistics Services Enterprise (ESLSE). La société est l’un des plus grands transporteurs maritimes d’Afrique et possède actuellement 10 vraquiers, avec l’intention d’en ajouter 6 autres à mesure que la demande d’importation et d’exportation de l’Éthiopie augmente.
Selon le rapport de performance 2023/2024, ESLSE a traité environ 45 % des importations de vrac sec de l’Éthiopie via le port de Djibouti. Grâce à ce nouvel accord, l’Éthiopie devrait bénéficier d’un accès plus facile à ses ports, ce qui stimulera davantage son développement économique et son commerce extérieur.